4 questions à Delphine de Vigan

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Auteur notamment des succès No et moi et Les heures souterraines, Delphine de Vigan publie à l’occasion de cette rentrée littéraire 2011 Rien ne s’oppose à la nuit, un roman qui suit les contours de son histoire familiale.

 

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« Je suis une lectrice irrationnelle, irrégulière, obsessionnelle et lunatique. »

1. VOUS ET la lecture ?

Je suis une lectrice irrationnelle, irrégulière, obsessionnelle et lunatique. Lorsque je découvre un auteur, je lis au moins trois ou quatre romans d’affilée, et puis s’il y en existe davantage, j’en garde un ou deux de côté pour plus tard, comme une promesse à portée de main. Je corne, j’annote, je gribouille, je froisse, je salis (quand les livres m’appartiennent, bien sûr). Mais je ne prête mes livres qu’à trois ou quatre personnes, connues pour leur fiabilité (!) : j’en ai MARRE de ne jamais les récupérer. En revanche, je peux offrir à dix personnes différentes un livre que j’ai aimé.

Parfois la presse me donne envie de lire une nouveauté, ou bien un livre paru en poche, et j’y cours ! J’écoute aussi beaucoup les conseils de mon compagnon et de mes amis.

J’enchaîne actuellement plusieurs romans de Laura Kasichke (ceux que je n’avais pas lus lors d’une première crise !). C’est un auteur formidable, il faut se précipiter.

Je suis personnellement totalement réfractaire au livre électronique. Il me faut la texture et le parfum du papier. Mais je crois à son avenir.

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« J’écris pratiquement tous les jours. C’est un moment de solitude absolue, qui m’est nécessaire. »

2. VOUS ET l’écriture ?

Je prends des notes pendant plusieurs mois sur des carnets, autour d’une idée, d’un projet, d’une envie. C’est ma période dite « d’incubation ». Quand j’entre véritablement dans l’écriture du livre, je travaille directement sur le clavier. Je corrige au fur et à mesure (ma fameuse « voiture balai »), puis j’imprime pour pouvoir corriger encore sur papier (et ainsi de suite).

J’écris le matin (vers 8h) jusqu’à 13h ou 13h30. Pratiquement tous les jours. C’est un moment de solitude absolue, qui m’est nécessaire. Mais j’aime aussi écrire ou relire en fin de journée, au milieu du monde, en buvant un verre de vin ! De temps en temps, par exemple quand je relis mes épreuves, je vais au café. C’est, à ce stade du livre, le seul endroit où j’arrive à me concentrer.

Je ne crois pas que mes lectures influencent à proprement parler mon écriture, je veux dire ma manière de faire. En revanche, elles me donnent souvent envie d’aller plus loin, de voir plus grand, d’oser, de m’aventurer dans l’inconnu, l’inexploré.

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« Je me protège des commentaires qui mettent tout dans le même pot. »

3. VOUS ET Internet ?

Je lis rarement les blogs, sauf si un(e) ami(e) me signale quelque chose en particulier. Je me protège d’une manière générale des commentaires qui mettent tout dans le même pot (commentaires sur la coiffure de l’auteur, par exemple !). Pour ce que j’ai pu en voir, il me semble que le meilleur côtoie le pire. Je trouve formidable de pouvoir échanger via internet sur des lectures, des films, de pouvoir partager des émotions, des avis. Mais la critique littéraire est un métier, un long apprentissage, une culture. Certains blogueurs ont une vraie voix, un vrai regard, une acuité qui mérite qu’on s’y arrête, d’autres aspirent seulement à partager, et c’est formidable, d’autres, à mon avis, se trompent de place ou de rôle.

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« J’ai été très émue par l’adaptation de « No et moi » par Zabou Breitman. »

NO_ET_MOI_4. VOUS ET vos projets ?

Mon roman « Rien ne s’oppose à la nuit » vient de sortir. A cette occasion, plusieurs rencontres dans des librairies ou des médiathèques sont déjà prévues.

Ecrire est aujourd’hui mon occupation principale. Je travaille aussi sur des scénarios de long-métrages pour le cinéma, je voyage à l’étranger pour accompagner les traductions de mes précédents romans…

J’ai été très émue par l’adaptation de « No et moi ».  J’ai aimé le regard que Zabou a porté sur ce livre, la manière dont elle l’a mis en scène,  sa façon de faire vivre ces personnages (avec sa scénariste, Agnès de Sacy).

29 réflexions sur “4 questions à Delphine de Vigan

  1. Pingback: Rien ne s’oppose à la nuit, Delphine de Vigan | Sophielit

  2. vraiment très intéressant, merci! j’ai adoré « Les heures souterraines » et « No et moi » et je compte lire le prochain.Je suis entièrement d’accord avec ce qu’elle dit sur le « métier » de critique littéraire, qui exige effectivement culture littéraire et pratique(s) au long cours.Idem pour ce qu’on trouve sur les blogs:parfois l’indigence des propos le disputent à l’intolérance.Mais il y a largement de quoi faire son choix parmi la pléthore de blogs!

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    • Il est évident que plus on lit, plus on a de cartes en main pour apprécier et juger d’autres lectures… et toujours par le seul prisme de sa personnalité ! Car un avis n’engage toujours que soi ! 🙂

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    • Oui ! Ailleurs, Delphine a précisé qu’elle avait pleuré en visionnant le film. Elle est visiblement assez pudique au sujet de ce qui ne lui appartient plus complètement…

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  3. Elle a raison, Laura Kasichke, c’est bien !

    « No et moi » , au cinéma: elle ne parle pas de Julie-Marie Parmentier , actrice extraordinaire, particulièrement vivante ….

    C’est elle qui véhicule l’émotion..

    Bravo Sophie, très bonne interview, et très bon livre. Je le conseille.

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  4. Barvo Sophie pour cette belle initiative et merci à Delphine de s’être prêtée au jeu !

    D’accord avec Antoine, c’est bien Laura Kasischke ! Je l’ai découverte grâce au chanteur Florent Marchet qui en parlait dans les Inrocks.. c’est amusant ces fraternités de lecteurs, ces correspondances souterraines…

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  7. Merci, cela me donne envie de découvrir Delphine de Vigan…. un seul bémol, je réside sur une île à 5000km de la métropole, j’adore le livre électronique car cela me donne accès rapidement aux nouvelles publications, mais bien sûr rien de remplace le velouté et l’odeur du papier ….

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  8. Bonjour Sophie ! Je n’ai pas aimé No et moi, pas lu Les heures souterraines et n’était pas véritablement motivée pour Rien ne s’oppose à la nuit. Comme il fait partie de la sélection Elle pour le prix 2012, je l’ai finalement lu. Et franchement, c’est le roman qui m’a le plus bouleversée depuis plus d’un an (et pourtant je suis une dure à cuire et les livres ont coulé sous les ponts depuis Féroces et son coup de poing…). Rien ne s’oppose à la nuit est mémorable et profond, révélateur d’un très grand talent d’auteur. Un vrai cadeau.
    Bonne continuation à toi !
    Nathalie

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    • Merci Nathalie de ton message.
      S’il fait partie de la sélection Elle, alors il n’en est peut-être pas à son dernier prix… J’espère que ce roman te donnera envie de lire « Les heures souterraines », qui est fort, désespéré mais paradoxalement lumineux…
      A bientôt !

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