Pourquoi écrivez-vous, Coline Pierré ?

OLYMPUS DIGITAL CAMERAColine Pierré est née en 1987 en Alsace. Elle a publié son premier roman (pour enfants) en 2013.

Son dernier ouvrage paru est un essai, Eloge des fins heureuses (Monstrograph). Elle y donne, à son insu, ses réponses à mes deux traditionnelles questions :

 

Pourquoi écrivez-vous ?

Dans une interview donnée au quotidien québécois Le Devoir, l’autrice islandaise Auður Ava Ólafsdóttir a dit : « Être écrivaine, c’est un peu être une femme de ménage dans le monde. Dans le sens où on a la liberté de créer un monde parallèle qui n’est pas si chaotique, si imprévisible. (…) La vie réelle est beaucoup plus improbable qu’un roman. J’écris avec l’espoir que les choses se réalisent.« 

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Comme elle, j’écris pour tenter de réparer le monde lorsqu’il perd de son sens, et pour mettre la pagaille quand tout est trop propre et trop aligné. J’écris par mégalomanie, pour devenir présidente de l’univers. J’écris de la fiction pour créer le monde qui me manque, pour inventer une autre réalité possible, pour réécrire le passé et projeter le futur, pour fuir et pour plonger les mains dans le cambouis. J’écris pour qu’il y ait un endroit au moins où je me sente à ma place, comme Anaïs Nin qui disait : « Je crois que l’on écrit parce que l’on doit se créer un monde dans lequel on puisse vivre, (…) comme un climat, un pays, une atmosphère, où je puisse respirer, régner et me recréer lorsque j’étais détruite par la vie. » J’écris parce que j’ai l’orgueil de penser que même si je n’ai pas de solution, je peux tout au moins apporter un regard. J’écris pour interroger, pour essayer de comprendre et pour voir mieux.

(Eloge des fins heureuses, pages 88-89)

 

 

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un aspirant écrivain ?

eloge clavierNous devons nous emparer de la fiction comme d’un territoire inoccupé à la manière dont les enfants investissent la forêt pour y construire des cabanes, jouent avec les figurines en plastique pour leur inventer des histoires, ou habitent la solitude pour y faire naître des amis imaginaires.

En atelier d’écriture, des élèves me demandent parfois s’ils ont le droit de faire vivre telle chose à leur personnage. Je réponds qu’en tant qu’écrivains, ils ont tous les droits. La fiction est le seul endroit où tout est possible, le seul. Je dis aux enfants que lorsqu’ils écrivent, ils sont les maîtres du monde de leur histoire.

Voilà mon objectif quand j’anime un atelier : aider les enfants et les adolescents que j’accompagne à réaliser qu’ils ont tous, quoi qu’ils pensent, de l’imagination, et que cette imagination est leur superpouvoir. Les enfants savent bien l’utiliser pour tenter de s’enfuir – plus encore celles et ceux qui ont du mal à trouver leur place ou pour qui l’école n’est pas accueillante – alors j’essaie de leur apprendre à s’en emparer aussi pour construire.

(Eloge des fins heureuses, pages 87-88)

 

 

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