Les grandes villes n’existent pas, Cécile Coulon

Les grandes villes n existent pasPrésentation de l’éditeur :

« Quelle horreur d’être jeune dans ce coin ! » Cette remarque, Cécile Coulon l’a entendue pendant toute son adolescence. Jolis mais invivables, ces petits villages du fin fond du Massif central, qui disparaissent de la carte une fois la nuit tombée ? L’auteure et ses amis d’enfance ont pourtant su en faire leurs terrains de jeux et d’apprentissage. Entre le stade, l’école, l’unique boutique, la salle polyvalente et l’église, il semble, à lire la romancière, qu’il soit possible de grandir heureux dans l’ignorance la plus totale des grandes villes. Ce portrait collectif d’une génération se veut aussi réhabilitation de la jeunesse à la campagne.

Ces espaces, on y habite pour rêver d’en partir, on les quitte pour rêver d’y revenir.

 

Ce récit est l’un des titres de « Raconter la vie », nouvelle collection des éditions du Seuil, dont voici l’intention :

Par les voies du livre et d’internet, Raconter la vie a l’ambition de créer l’équivalent d’un Parlement des invisibles pour remédier à la mal-représentation qui ronge le pays.

Il veut répondre au besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées, les aspirations quotidiennes prises en compte. En faisant sortir de l’ombre des existences et des lieux, Raconter la vie veut contribuer à rendre plus lisible la société d’aujourd’hui et à aider les individus qui la composent à s’insérer dans une histoire collective.

Pour « raconter la vie » dans toute la diversité des expériences, la collection accueille des écritures et des approches multiples – celles du témoignage, de l’analyse sociologique, de l’enquête journalistique et ethnographique, de la littérature.

Toutes les hiérarchies de « genres » ou de « styles » y sont abolies ; les paroles brutes y sont considérées comme aussi légitimes que les écritures des professionnels de l’écrit.

 

 

Dans ce court livre à la couverture orange, la jeune romancière Cécile Coulon raconte comment l’on grandit à la campagne. Elle raconte les territoires oubliés, les frontières qui sont avant tout psychologiques, le voisinage qui fait de l’anonymat « une conquête perdue d’avance », les choses qui changent un peu moins vite qu’ailleurs.

Le cimetière annonce la couleur : « Nous avons été ce que vous êtes, et vous serez ce que nous sommes, pensez-y. »

 

Cécile Coulon raconte le stade municipal, dont le cœur bat en permanence ; l’église, ce lieu social ; le bar-tabac qui symbolise l’âge adulte ; la salle des fêtes qui, si le stade et l’école sont les deux poumons du village, en est le foie ; et les rues, les routes, où l’on ne craint pas l’agression mais qui tuent. « Dans les zones d’habitation éloignées des grandes villes, la première cause de décès chez les jeunes, ce sont les accidents de la route. Même chez ceux qui n’ont pas encore l’âge de conduire. »

 

Les grandes villes n’existent pas est le portrait tendre et lucide d’une génération qui a grandi avec la forêt et les volcans pour horizon – plutôt que le béton.

C’est aussi, et c’est ce qui en fait tout le charme, une certaine vision de l’émancipation et de « ce moment terrible où il faut choisir entre vivre sa vie ou celles des autres ».

 

Le début du livre est à télécharger ici

 

Seuil, janvier 2015, 112 pages, 7,90 euros

 

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Carnets de campagne :

 

vache« Ceux qui n’ont pas le permis dans les campagnes sont soit trop jeunes, soit malades. » (page 22)

 

« Nous avons été élevés en plein air, comme les poules du voisin. » (page 27)

 

« A Paris, les gens vivent à quatre dans trente mètres carrés, on appelle ça « la bohème » ; à la campagne, tu vis seul dans soixante mètres carrés, on appelle ça « la misère ». » (page 27)

 

« Généralement, plus les animaux sont petits, plus ils effraient les habitants. » (page 37)

 

« Le stade municipal, c’est comme le bistro du coin, avec plus d’espace et de pelouse. Et parfois, plus d’alcool. » (page 47)

 

« Quand on habite une commune de moins de mille habitants, on passe son adolescence à chercher des heures de sommeil là où il n’y en a pas. » (page 58)

 

« A la campagne, on ne devient pas adulte le matin de son dix-huitième anniversaire, mais lorsqu’on reçoit la feuille de papier rose qui donne officiellement le droit d’aller faire ses courses, et surtout la course, au volant d’une voiture. » (page 65)

 

« Les routes ne pardonnent pas. » (page 68)

 

« Ici, l’adolescence commence quand on comprend qu’on ne peut échapper à l’imagination des autres, surtout des aînés, à qui l’on doit le respect. » (page 75)

 

« Dieu a fait la campagne, et l’homme a fait la ville. » (William Cooper, cité page 77)

 

« La campagne est une somme d’exigences familières, quotidiennes. » (page 85)

 

« Une boulangerie qui ferme et le village meurt. » (page 86)

 

« Même avec la plus mauvaise volonté du monde, on participe à la vie du village, aux rires de nos voisins. » (page 93)

 

« Un enclos est parfois le moyen idéal pour donner l’envie de partir. » (page 99)

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