Alice et les orties, Julie Bonnie

Présentation de l’éditeur :

 

alice-et-les-orties« Je ne sais plus quand je me suis décidée. L’histoire remontait à des décennies, elle n’avait jamais cessé de m’empoisonner, mais je la repoussais lorsqu’elle venait m’agripper. Elle grandissait, se nourrissait de mon sang, marchait à mes côtés. Ses morsures- surprises me laissaient sur le carreau pendant plusieurs jours, plusieurs semaines parfois. J’aurais pu continuer, amputée de l’existence, à la fuir, sur mes rotules blessées, sans répit, sans espoir. Pourtant je me suis décidée. » J. B.

Parce que le silence tue, que la honte étouffe, Alice se met en quête des mots pour écrire son récit puis l’évincer une fois pour toutes de sa vie. Sur son chemin, on croise des monstres, des morts, des personnages loufoques. Tous vont l’aider à comprendre enfin ce qui lui est arrivé. Pour raconter l’indicible, un conte poétique, magique et tendre.

 

C’est une histoire moche comme une vieille sorcière. Alice la porte en elle depuis longtemps, mais elle a fini par se persuader qu’elle pouvait vivre toute sa vie sans faire sortir cette histoire d’elle. Alice se vautre dans le « déni douillet ».

Un matin, elle congédie homme et enfants pour affronter son histoire. L’écrire pour pouvoir la brûler. C’est que sa propre fille vient d’atteindre l’âge qu’Alice avait quand l’histoire est arrivée, et cela ressemble à un signal. Non sans peine, Alice se lance.

La route est longue et tortueuse pour aller au bout de l’histoire. En chemin, elle croise des personnages fantasques et « effleure des instants parfaits » – les uns comme les autres créés de toutes pièces par son imagination, puisqu’elle est maîtresse du récit.

Alice et les orties est un conte violent et glaçant servi dans un écrin onirique et magique, dans lequel les oreilles des personnages peuvent être longues et couvertes de duvet. Fort et horrible autant que beau. Qui se lit d’une traite et qui prouve une fois de plus la nécessité de se débarrasser des ronces qui, lorsqu’on les a à l’intérieur de soi, ne peuvent que grandir.

Grasset, 2016, 152 pages, 14,90 euros

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Épines :

 

« On dit que ceux qui brûlent les mots justes retrouvent le désir de vivre et de faire l’amour. » (page 10)

 

« Se fait-on sauter le caisson quand on a encore des histoires à raconter ? » (page 43)

 

« Tous les bleus ne vont pas ensemble, cher ami. » (page 49)

 

« On n’a pas besoin de savoir où on est pour être perdu. » (page 66)

 

« Toute existence requiert un endroit sûr, un rythme lent, une pesanteur amie. » (page 71)

 

« Le piège à loup ne peut rien contre le grain de sable. » (page 72)

 

« Ma seule résistance consiste à disparaître de mon propre corps. » (page 82)

 

« On ne se débarrasse pas des blessures en blessant. » (page 109)

 

« Le diable ne s’identifie pas au premier coup d’œil. » (page 124)

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